Les logiciels sont conçus habituellement pour appliquer des règles de calcul issues du savoir-faire de professionnels: règles comptables ou financières, lois de la physique, règles de l’ingénierie mécanique, méthodes d’analyse en biologie, etc.
Mais parfois, une profession n’a pas produit de telles règles de calcul.
la police n’a pas de telles méthodes pour reconnaître une signature ou un visage etc.
pas de formule de calcul pour gagner aux échecs ou au jeu de go.
L’intelligence artificielle (IA) est la partie de l’informatique à laquelle on fait appel, lorsqu’il n’existe pas de règles de calcul issues du métier.
Les règles: elles sont données par les experts humains sous la forme d'une liste non organisée de “si telle condition est réalisée, alors il faut faire telle action”. Puis, il revient à un système expert ou un "tableau noir” avec des “agents intelligents”, de faire le travail d’enchaînement des règles pour atteindre le résultat à partir des données, et en décrivant les étapes.
IBM Watson (premières versions)
aides juridiques, conseils en placements
Les trames: la connaissance est donnée sous forme de trames “tel problème, telle solution”. Face à une situation donnée, le logiciel cherche les trames les plus proches comme modèles. Certains logiciels réclament des trames explicites, et d’autres, comme les réseaux neuronaux, les apprennent à partir d’exemples, et donnent des réponses rapides et impressionnantes, mais ni sûres ni justifiées.
ChatBots pour assister les utilisateurs d’un service en ligne, avec des trames explicites
Google Alpha Go (jeu de go), et surtout AlphaZero
reconnaissance des visages des smartphones
Les générations & tests: un logiciel générateur crée des options candidates à être la solution, puis un logiciel d’évaluation donne des notes, et au final, fait le choix. Cette approche inclut les algorithmes dit de minimax pour les jeux, ou d’inondation pour la recherche d'itinéraire, etc. Les résultats semblent étonnamment créatifs, mais consomment beaucoup de puissance de calcul.
Google Map, Waze
IBM Deeper Blue (jeu d’échecs)
Nous pouvons nous retrouver dans l’ensemble de ces approches. Nous les utilisons, toutes les trois, au gré des problèmes quotidiens. Cependant, il faut bien remarquer, que nous avons chacun notre approche préférée, celle que nous utilisons le plus naturellement. Cette préférence, inconsciente ou consciente, est influencée par notre culture, nos études, notre profession, ou notre histoire personnelle.
Quelques éléments favorisent une préférence.
Les règles
Raisonnement déductif, avec rigueur,
Jeunes « trop logiques »,
Professions portant sur le droit, la comptabilité, la qualité
Les trames
Raisonnement par analogie,
Expérience, le déjà vu, tradition, usages,
Professions à fortes relations humaines,
Entrepreneur dans les situations de continuité
Les générations & tests
Tâtonnement,
Professions à défis créatifs,
Enquêteur, chercheur,
Entrepreneur dans les situations de ruptures
Aucune de ces tendances n’est supérieure aux autres. Bien au contraire, une équipe faite de personnes ayant toutes la même approche préférée a toutes les chances d’échouer
avec les règles, par stérilité,
avec les trames, par conformisme,
avec les générations et tests, par chaos.
L’approche par les trames est la plus souvent préférée (70%, estimation), suivie par les règles (20%), et enfin, les générations et tests (10%).
Constituer une équipe forte et vivante suppose donc que ces membres aient une certaine diversité dans la façon de raisonner.
Si on voulait aller plus loin, le bon dosage devrait dépendre de l’objectif de l’équipe, mais il faut se garder de trop de calculs, et un bon manager d’entreprise ou d’équipe politique, ressentira les bons équilibres.
En politique le mode trame est dominant, avec des exceptions comme Lionel Jospin qui semble être “règles”, ou Angela Merkel “générations et tests”.
Et vous, pensez-vous être plutôt “règles”, “trames”, ou “générations et tests”? Et vos proches? 🀫
Denis Attal