Lors du Conseil municipal du 15 mars 2023, la majorité municipale a soumis un vœu à l’ensemble du conseil municipal, portant sur la fusion IRSN / ASN.
L’IRSN et l’ASN sont deux organisations étatiques, et leurs évolutions ne relèvent en rien d’une responsabilité locale.
Un vœu d’un Conseil Municipal de Châtillon est un non sens institutionnel.
Grâce à la persévérance des scientifiques, dont ceux du GIEC, nous sommes tous conscients de l’évolution du climat sur notre planète et de son origine humaine.
Le dérèglement climatique est une menace pour toute l’humanité et au minimum pour une large partie d’elle. Il a des impacts notamment sur l’eau, l'agriculture et les catastrophes naturelles qu’il amplifie.
Lentement, trop lentement sans doute, les pays du monde acceptent de faire chacun sa part d'efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et en particulier du CO2.
Nous n’avons qu’une atmosphère, aussi les efforts de la France seraient vains, s’il n’y en avait pas d’équivalents partout dans le monde. La France émet moins de 1% du total, la Chine étant le premier émetteur bien loin devant.
Pour faire son devoir au sein de l’humanité, la France a pris un objectif, atteindre la neutralité carbone en 2050, et pour cela notre pays va développer des actions complémentaires :
la sobriété avec des économies et des procédés innovants bas-carbone
le développement des énergies renouvelables
la relance de notre filière nucléaire, et c’est là que l’IRSN intervient.
Moins de CO2 d’un côté, et de l'électricité zéro carbone de l’autre.
La capacité de production d’électricité par l’énergie nucléaire va augmenter grâce à deux lourds projets
les travaux d’allongement de la vie de nos centrales pour éviter l’arrêt par obsolescence : il faut inspecter profondément, surveiller et sans doute moderniser des centrales existantes pour passer leur durée de vie de 40 à 60 ans. Cela demande des innovations et une sécurité rigoureuse.
la construction de centrales qui seront d’une architecture nouvelle : le défi est de construire 6 réacteurs de type EPR2 (+ 8 à l’étude) et préparer une filière de petits réacteurs modulables dit SMR.
Les experts du site de Fontenay vont être de plus en plus sollicités.
Il s’agit de la réactivation d’une filière technologique qui a fait la fierté de la France et l’a placée dans les leaders mondiaux. Dans les années 70, un grand programme avait permis à la France d’avoir l’équipement puissant qui aujourd’hui réduit notre empreinte carbone et renforce notre indépendance énergétique.
Les équipes de l’IRSN ont acquis une expertise au plus haut niveau mondial.
Notre pays est fort des structures adaptées à sa position dans le nucléaire civil et militaire.
Le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) est un leader dans la recherche. Il emploie plus de 20 000 personnes qui ont démontré une technicité au plus haut niveau international. Son budget est de 5 Md€.
Electricité de France (EDF) est surtout connu comme le producteur et distributeur d’électricité en France. Il est aussi devenu l’industriel constructeur des centrales nucléaires. Il emploie 167 000 personnes dans le monde. Son budget est de 85 Md€.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est un organisme d'État indépendant du gouvernement qui assure le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France. C’est lui qui dit stop ou donne un feu vert. Il emploie 500 personnes. Son budget est de 66 M€.
L'Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN) est un organisme d'État dépendant de ministères de tutelle, expert français en matière de recherche et d’expertise sur les risques nucléaires et radiologiques. Il emploie 1800 personnes. Son budget est de 280 M€..
Le gouvernement a souhaité une fusion de ces organismes d’Etat, tous deux dédiés à la sécurité nucléaire, dans un souci de plus grande efficacité. La perspective est l’urgence du programme nucléaire français.
Aujourd'hui pour assurer ses missions, l’ASN fait largement appel à l’IRSN, qui détache des experts qui vont rejoindre les opérations de l’ASN. Les équipes se connaissent et ont l’habitude de travailler ensemble.
Afin que l'ensemble soit indépendant, l’idée est que la structure globale soit celle qui est la plus indépendante et qui est décisionnaire, à savoir l’ASN.
En première lecture à l’Assemblée Nationale, l’amendement qui prévoyait la fusion n’a pas été retenu, suite à une égalité des votes pour et contre. Rien n’indique formellement si l’idée de fusion va revenir ou pas, et si oui de quelle façon.
Au niveau de Châtillon, Fontenay et des communes proches, la priorité est la pérennité de l’établissement qui fait la fierté légitime de tout son personnel. Il n’est pas menacé, et ce, d’autant qu’il ne serait pas raisonnable de tout changer au moment où il faut accélérer la filière. 🀫
Carole Guillerm