La France a été choquée par l’horrible assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, décapité par un terroriste islamiste. L’enseignant, éveilleur de consciences, défenseur de la liberté d’expression et promoteur de la laïcité a été lâchement pris pour cible par des obscurantistes.
Après le recueillement, nous devrons être aux côtés des enseignants, les protéger contre les menaces et injures de parents radicalisés, mettre fin au “pas de vagues”, et les aider à éviter la capitulation que serait l’autocensure.
Nous devons aussi agir, sinon pour supprimer le terrorisme, du moins pour réduire le nombre de ses crimes.
Dans tous les groupes humains, il y a différents niveaux d’agressivité allant d’une grande douceur à une brutalité extrême. Au-delà d’un certain seuil, les personnes sont dangereuses, avec un risque de violence de droit commun ou terroriste, voire l’une puis l’autre, comme ce fût le cas pour le tueur de Samuel Paty.
La 1ère façon de réduire le terrorisme, la plus connue, est de détecter autant que faire se peut, ces personnes dangereuses à surveiller: le fichage “S”. Cette approche est indispensable.
La 2ème approche porte sur beaucoup plus de personnes.
La statistique montre qu’un décalage vers plus d’apaisement ou plus d’agressivité de l’ensemble d’une population, a un impact énorme sur le nombre de personnes qui sont au-delà du seuil dangereux. Cela nous suggère une approche complémentaire pour réduire le terrorisme: l’apaisement global cette population.
Écartons d'emblée une fausse bonne idée. Céder aux islamistes et accepter leur censure ne les apaise pas, bien au contraire, on les légitimerait et les encouragerait. Nous sommes dans ce piège munichois depuis trop longtemps. “Vous aviez à choisir entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre” (Winston Churchill)
Le Président de la République nous a ouvert la voie avec un plan puissant et large, qui lutte contre l’influence des islamistes, et donc, contre l’agressivité qu’ils augmentent autour d'eux.
En complément de l’action de l’Etat, nous pouvons nous engager comme citoyens combattants de la paix, comme Samuel Paty. Une action très efficace serait de combattre systématiquement les idées sources de ressentiment, dans un dialogue bienveillant et rationnel. Ainsi, nous pouvons opposer:
aux excuses sociales au terrorisme, que les chômeurs ne cherchent pas à décapiter les professeurs,
aux accusations de racisme des français, que des personnes de toutes origines et religions vivent en paix en France, mais que le problème vient de l’action politique des islamistes,
à la légitimation du meurtre pour blasphème, que d’autres religions qui voient la consommation de viande comme un blasphème pourraient réclamer leur “droit au meurtre” des mangeurs de viande,
à la dénonciation de l’islamophobie, trop utilisée pour couper court à toute critique, que le France est un pays tolérant habitué à la confrontation des idées,
aux accusations de “contrôles au faciès”, qu’une mamie blanche est rarement une immigrée en situation irrégulière,
à l’émotion d’élèves ou parents sur l’Histoire enseignée, qu’elle relate des faits documentés qui font l’objet d’un large consensus entre historiens,
à la mise en accusation de la France sur la colonisation, que ce n’est pas bien d’attaquer son pays, que tous les peuples ont fait du bien et du mal, et que la France a fait un apport estimé à l’humanité,
à la remarque que des lois de la République sont contraires à l’Islam, que c’est la même chose pour les autres religions, et que la France, pays laïc, vote des lois sans prendre en compte les religions, etc.
L’ampleur de la tâche est grande, mais c’est pour nous un devoir civique, quelles que soient nos convictions vis-à-vis des religions. C’est aussi, l’opportunité de véritables rencontres avec ceux de nos concitoyens musulmans qui sont déstabilisés, et d’avoir ainsi de nombreuses discussions qui, n’en doutons pas, seront enrichissantes pour nous tous, enfants de la République. 🀫
Carole Guillerm