Les Zones à Faibles Emissions - ZFE

Un défi sanitaire et un calendrier

Les médecins et experts ont alerté les responsables publics : la santé des citoyens est affectée par la pollution automobile, et particulièrement par les particules fines et le dioxyde d’azote (NO2). Ces pollutions proviennent essentiellement des anciens véhicules qui brûlent mal l’essence. Les grandes villes parcourues par de nombreux véhicules sont les lieux les plus polluées.

Pour lutter contre ces rejets, des Zones à Faibles Émissions (ZFE) ont été délimitées dans les métropoles urbaines. Les véhicules sont classés selon leur indice Crit'Air, allant de 0 (véhicules non polluants) à 5 (véhicules très polluants), une classification explicitée dans le tableau ci-dessous. Pour pouvoir circuler dans une ZFE, un véhicule doit avoir un indice Crit'Air qui ne dépasse pas le maximum en vigueur dans la zone. Un calendrier est prévu pour réduire cette limite par étapes successives et écarter ainsi par palier les véhicules les plus polluants..

Cette approche graduelle vise à encourager la transition vers des véhicules plus propres et réduire ainsi l'impact de leur pollution sur la santé publique. Les premières étapes de mise en place des ZFE ont déjà été franchies. Dans la ZFE parisienne, par exemple, l’indice maximum est actuellement 3, c’est-à-dire que les véhicules Crit'Air 4 et Crit’Air 5 sont déjà interdits.

En dépit de la progressivité du mécanisme, on peut comprendre la vive opposition des propriétaires des véhicules qui risquent d’être interdits, car le remplacement représente un coût financier trop élevé pour les personnes les moins aisées. Le gouvernement et la majorité ont prévu plusieurs dispositifs d'aide à la conversion pour faire face à cette situation. Il est en effet primordial d'accompagner les citoyens dans cette transition vers une mobilité plus respectueuse de l'environnement, en tenant compte des réalités économiques et sociales de chacun. Personne ne sera abandonné.

Des bons chiffres et des contraintes ajustées ville par ville

Dans ce contexte difficile, les nouvelles mesures de pollution effectuées dans les villes ont créé une agréable surprise. La pollution a régressé plus rapidement que prévu, et la plupart des villes respectent désormais les normes sanitaires européennes en matière de qualité de l'air.

Aussi, le gouvernement a décidé d'adapter le calendrier des mesures en fonction du niveau de pollution atmosphérique de chaque ville. Seules cinq métropoles, à savoir Paris, Lyon, Aix-Marseille, Rouen et Strasbourg, dépassent encore les seuils. Elles continueront leurs efforts en mettant en place des interdictions de circulation pour les véhicules Crit'Air 4 au plus tard à partir du 1er janvier 2024, suivies des véhicules Crit'Air 3 en 2025.

Par exemple, depuis le 1er juillet 2019, les véhicules non classés et les véhicules Crit'Air 5 sont interdits de circulation dans la ZFE de la Métropole du Grand Paris (MGP). Depuis le 1er juin 2021, les restrictions de circulation ont été étendues aux véhicules Crit'Air 4. Cependant, la prochaine étape, qui consisterait à interdire la circulation des véhicules Crit'Air 3, impliquant actuellement 380 000 véhicules, sera reportée de juillet 2023 à janvier 2025, après les Jeux Olympiques.

La nouvelle approche traduit un passage d'une obligation de moyens à une obligation de résultats mesurables. Les progrès réalisés dans la lutte contre la pollution atmosphérique témoignent de l'engagement du gouvernement et des collectivités locales en faveur de la protection de la santé et de l'environnement.

Les leçons de cette ambitieuse entreprise de santé publique

Le passage d’un calendrier général pour toutes les villes de 150000 habitants à des dispositions plus ciblées n’est que la traduction d’un succès plus rapide que prévu. Tant mieux pour la santé de tous.

Au-delà des ZFE, nous pouvons en tirer des leçons pour les affaires publiques en général.


La communication a été efficace à travers les médias qui ont joué un rôle très positif en se saisissant du sujet et en apportant un complément pédagogique. L’obligation d'apposer la vignette Crit’Air a complété la prise de conscience. Les Français ont ainsi fait évoluer le parc automobile en avance sur les contraintes.


Au-delà de la communication, le dialogue entre conducteurs et acteurs concernés de la branche, a provoqué une accélération de la transition qui a dépassé les prévisions sans doute trop froides.


Les autorités doivent tirer avantage de la prise de conscience citoyenne, en particulier, sur les sujets environnementaux. Elle permet de formuler les lois et règlements non plus en décisions identiques partout, mais en objectifs nationaux mais avec des dispositifs ajustables localement, dans les villes et territoires. De nombreuses villes ont déjà atteint les normes européennes prévues pour 2035, et il aurait été absurde de pénaliser les propriétaires de véhicules dans ces villes inutilement avec des décisions trop globales.


Dans les années 1980, le défi environnemental mondial était la diminution alarmante de la couche d’ozone, qui dans la haute atmosphère nous protège des rayons ultraviolets et des cancers de la peau. Le coupable avait été identifié : les gaz chlorofluocarbure CFC contenus dans les aérosols et systèmes de réfrigération. Les États du monde ont convenu d’une diminution progressive de l’usage des CFC, et en 1987 d’une interdiction par le Protocole de Montréal. Les CFC ont été remplacés, le temps a passé et la couche d’ozone est aujourd’hui reconstituée. Ce fut un succès planétaire.

Aujourd’hui, le défi est la santé de nos poumons face aux particules et NO2 des véhicules polluants. Nous pouvons être raisonnablement confiant dans le succès dans cette lutte grâce aux ZFE. Les Français atteindrons l’objectif européen d’air sain pour 2035 voire même avant.

Pour aujourd’hui et demain, nous avons devant nous une immense ambition mondiale avec la lutte contre le réchauffement planétaire causé par les gaz à effet de serre (GES) et notamment le CO2.

Le succès contre les CFC, et celui attendu contre les particules fines et le NO2 avec les ZFE, doivent nous donner confiance dans l’action collective, et dans ses bonnes dynamiques. Ensemble, nous pourrons relever le défi du CO2 et éviter un trop grand réchauffement climatique. 🀫


Carole Guillerm