La laïcité

Aujourd’hui, l’attachement profond, quasi-fanatique, du peuple français pour la liberté, se retrouve dans la laïcité, y compris pour les croyants:

“Nous sommes citoyens parce que nous relevons de l'autorité de la Loi et parce que nous contribuons à faire la Loi. C'est une double libération. C'est la libération de l'Homme par rapport à la société dans laquelle il vit et la libération du croyant qui n'est pas obligé de soutenir le trône simplement parce qu'il aime l'autel. Ceci est une libération de l'adhésion profonde qu'une femme ou un homme peut avoir à l'égard d'une réalité spirituelle.” (François Bayrou).

La tolérance communautaire

Depuis les temps les plus reculés, la France est un des carrefours dans l’Europe, et elle a connu de nombreux brassages de population. Vivre ensemble avec des différences culturelles et culturelles est difficile. “Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage?” (Charles de Gaulle)

Longtemps l’autorité royale appuyée par l'Église catholique, a maintenu l’unité par la force, avec des expéditions punitives contre telle ou telle région un peu trop indépendante. L’unité par la force a aussi porté sur la religion, et les protestants ont été parmi les premières cibles.

Depuis les Lumières, les Français ont moins accepté l'autorité de l'Eglise, et sa volonté d’uniformité autour d’elle. Dès lors, le pays a dû se doter d’un modèle pour accepter et gérer la diversité.

La plupart des pays ont une religion de référence, avec une tolérance plus ou moins grande vis-à-vis des autres. Les pays anglo-saxons sont tolérants, et pour gérer la diversité, leurs gouvernants ont voulu dialoguer avec les minoritaires: ceci a conduit au développement du communautarisme. Aux Etat-Unis, après être américain, on est de telle ou telle “chapelle” comme on dit parfois. Le principe de segmentation est accepté: après tout, le Président est élu par les États et leurs grands électeurs.

Le choix français de la laïcité

La France n'a pas retenu la tolérance communautaire à l'anglo-saxonne, mais a choisi la laïcité.

En effet, la France est éprise d’unité, et l’article premier de la Constitution le rappelle “La France est une République indivisible…”. Le gouvernement parle directement aux français plutôt qu’aux communautés.

En France, l’ensemble des croyants de toutes religions, avec 37%, n'atteint pas la moitié de la population. Au sein de l’Union Européenne, la Tchéquie, l’autre pays dans ce cas, est aussi l’autre pays laïc. La majorité de la population reconnaîtrait mal une segmentation communautaire fondée sur la religion.

La France, aujourd'hui apaisée, ne l’a pas toujours été. Elle détient le triste record du monde des guerres, et a connu bien des guerres civiles. Elle veut à tout prix éviter d’avoir en son sein des camps, qui pourraient s’opposer.

Enfin, le rejet français de tout interdit de blasphème, contribue à la bienveillance et l’acceptation mutuelle. En effet, une religion peut voir dans un dessin une faute, là où une autre la verrait dans la consommation de viande.


Le choix de la France, la laïcité, institue la séparation des Eglises et de l’Etat, et demande à la puissance publique de s'en tenir à une stricte neutralité en matière religieuse. La laïcité n’est jamais dirigée contre les individus ni contre leur conscience mais garantit, grâce à un État neutre, l’égalité de traitement et l’égale dignité de tous, croyants ou non. (Voir la Charte de la laïcité à l’école)

En héritiers de l'Histoire de France et des Lumières qui nous ont amené vers cette laïcité qui nous est si chère aujourd'hui, nous devons nous battre pour la préserver et pourquoi pas, la faire rayonner dans le monde. 🀫


Carole Guillerm