Internet et Société

Depuis ses débuts dans les milieux de l'informatique et de la science, Internet s’est étendu à de nouveaux domaines avec le commerce, les jeux et l'information. Puis, il a pris tous les chemins des activités humaines et donc, toutes les places de la connaissance.

Internet parachève sa conquête de la cité entière, en bousculant la politique et la démocratie. Notre défi de citoyen est maintenant de l’adopter pour le meilleur et d’en rejeter le pire.

En reliant les individus entre eux, Internet tisse des relations au sein de la cité

Les apports aux relations humaines sont multiples:

Le CoVid avec les confinements, le télétravail et les appels vidéos ont mis en avant des outils de communications uissants. Pour la cité, Internet apporte des relations directes entre les citoyens, et un dialogue facilité avec leurs représentants élus pour des discussions en tête-à-tête ou en groupe.


Mais, les outils ont aussi été exploités pour le mal. Derrière un anonymat perçu, les usages policés de la vie en société ont été oubliés pour les pires instincts et une absence de retenue:

Internet met à portée de doigt l’information du monde, avec des accès puissants mais qui ne sont pas neutre

Sur notre ordinateur ou notre smartphone, nous trouvons tout ce que nous cherchons:

Nous avons ainsi un accès aux informations du monde: une bibliothèque quasi-infinie. L’Union Européenne (UE) a même créé, par sa directive “open data”, le droit des citoyens à l’accès aux informations des services de l’Etat.


Mais, il y a un revers de la médaille. Le volume des informations est si grand, que les opérateurs de services, moteurs de recherche et réseaux sociaux, en ont profité pour trier et nous présenter l'information qui va nous plaire. Le but est de nous retenir le plus longtemps possible et nous présenter le plus de publicités qui soient les plus ciblées possible: c'est pour eux, la source de revenus. Pour cela, ils capturent et analysent nos personnalités.

Comme l'a très bien analysé Gérald Bronner dans son livre "Apocalypse cognitive", le revers de cette personnalisation, c’est l’enfermement et un chemin vers les idées extrêmes.

En effet, à force de vouloir nous plaire, les opérateurs nous présentent ce qui confirme toute idée qui nous viendrait, même peu raisonnable, et qu'on aurait exprimée ou testée sur un moteur de recherche ou sur un réseau social.

Sont largement mises à l’écart les informations contradictoires qui pourraient vous déplaire, mais qui pourraient vous faire réfléchir. Ainsi, par l'exacerbation et le renforcement de questionnements banals jusqu’au complotisme, est tracé un cheminement vers des positions extrêmes et violentes.

Notre société peut et doit agir pour orienter Internet vers le meilleur et l’écarter des travers dangereux

L’Union Européenne a déjà établi des règles pour qu'Internet et le numérique soit plus sains.

Nous avons vu le partage des données publiques avec la directive “open data” qui offre à accès aux citoyens.

Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) réglemente la conservation et l’usage des données personnelles. Il a positivement changé l’activité pour une meilleure protection de la vie privée. De portée extraterritoriale, il s’est imposé aux GAFA et autres acteurs au-delà de l'Europe.

Le Digital Service Act (DSA) tout juste finalisé, introduit de règles transversales, donc d’application générale, pour imposer dans Internet les lois de droit commun. Le principe est que ce qui est autorisé ou interdit dans le monde physique, deviendra autorisé ou interdit sur Internet.

Depuis quelques années, le cadre européen a montré avec le RGPD qu'il était le bon niveau pour les régulations. Au-delà, les règles seraient impossible à obtenir ou minimalistes, et en-deçà notre pays ne pourrait forcer la main aux opérateurs, faute de représenter un marché suffisant.

La société réelle est complexe, et il n'est pas étonnant qu'Internet hérite de sa complexité. Il est si riche de fonctions actuelles et à venir, que sa maîtrise est un long et passionnant chantier pour notre démocratie. 🀫


Carole Guillerm